Dans la foulée de la
représentation au Vélo Théâtre, nous enchaînons avec la même performance mais
dans un lieu bien connu des dames : la Maison Bonhomme.
Une des salles est aménagée
toujours de la même façon mais cette fois avec une quinzaine de
spectateurs : salariés, bénévoles et adhérents du centre social.
Ainsi,
nous restons donc dans un cadre et avec des « têtes» plus ou moins connus
pour ces dames.
5 dames sont présentes cette
fois. Elles sont quelque peu surprises par la présence de ce public, mixte,
mais pas réticentes, plutôt anxieuses et ne sachant pas si elles vont arriver à
s’exprimer.
Lucia commence alors par les
toucher, elle rectifie leur position assise, afin de les décontracter.
La performance commence,
elles semblent avoir un peu plus d’appréhension qu’au Vélo Théâtre, c’est la
première fois qu’elles s’expriment devant autant de monde !...
Les tableaux s’enchaînent dans
une ambiance joyeuse, les dames sont prises de fous rires, on ne sait pas trop
s’ils sont nerveux mais ce qui est sûr, c’est qu’elles s’amusent.
Ce qui est drôle, lors de
cette performance, c’est que, ne
connaissant pas la configuration d’un spectacle, elles n’ont pas de
repères et donc, quand elles sont assises en cercle derrière le panneau et
attendent leur tour, elles échangent, en arabe, commentent la prestation de
celle qui passe, comme si elles étaient seules, comme si le public n’existait
pas.
Lorsqu’elles sont face au
public et qu’elles se trompent ou qu’elles oublient quelque chose, elles
reviennent au devant du panneau et recommencent, en riant…
Le premier tableau, lorsqu’elles se présentent chacune à tour de rôle, est très touchant.
Fatima se présente au public en lançant un
« Je m’appelle Fatima, je suis la femme de mon mari ! Si
j’avais de l’argent, j’irais en Amérique voir Barak Obama ».
Yamina : « Si
j’avais de l’argent, je partirais en…euh…comment ça s’appelle déjà ?...en
Belgique!!!! »
Lorsque celle qui vient de
passer va chercher la suivante et la guide au devant de la scène, elles
papotent encore et rient entre elles.
Le deuxième tableau,
représenter les 3 cycles de la vie, est un exercice tout à fait différent pour
elles.
En effet, il s’agit là de
jouer 3 situations différentes, de mimer 3 postures tout en parlant. Certaines
sont hésitantes, Lucia n’hésite pas à aller les chercher, à les réconforter, ce
qui est très émouvant car on aperçoit leurs ombres derrière le panneau.
Finalement, l’émotion est
aussi forte dans ces moments là de
transition, entre le passage de chacune, que dans la performance en elle-même…
Enfin, le troisième tableau,
jeter le coussinet par terre et exprimer un « Non ! je veux parler français ! » est,
comme le premier dans lequel elles se présentaient, très personnel, exprimé
différemment selon chacune : timide, affirmé, enjoué.
Certaines y ajoutent
un « Je veux parler français ‘ comme il faut ‘! », une
autre : « J’ai rien compris »…tout ça toujours dans le
rire !
Le fait que Lucia, Nezli,
Jeannie et Sylvie jouent aussi le jeu a été important pour elles, renforçant
l’idée que nous sommes un groupe, que nous partageons les mêmes émotions. Elles
ont pu alors découvrir une autre facette de leurs formatrices, de« leurs
maîtresses ».
Nous avons clôturé cette séance autour d'un goûter oriental, préparé par les dames, et tous ensemble, spectateurs et "comédiennes", nous avons pu échanger sur cette belle expérience...
Un nouveau lien s’est crée
tout au long de ces ateliers, un lien affectif déjà existant mais qui s’est
renforcé parce que, grâce à Lucia et Nezli, nous avons employé autre chose que
des mots, nous y avons joint des gestes. Des gestes d’affection, de respect,
qui au fil du temps sont devenus spontanés, irréfléchis et qui font
qu’aujourd’hui nous ne pourrions plus
faire sans…
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