05/06/2014 > Performance à la Maison Bonhomme

Dans la foulée de la représentation au Vélo Théâtre, nous enchaînons avec la même performance mais dans un lieu bien connu des dames : la Maison Bonhomme.

Une des salles est aménagée toujours de la même façon mais cette fois avec une quinzaine de spectateurs : salariés, bénévoles et adhérents du centre social. 
Ainsi, nous restons donc dans un cadre et avec des « têtes» plus ou moins connus pour ces dames.

5 dames sont présentes cette fois. Elles sont quelque peu surprises par la présence de ce public, mixte, mais pas réticentes, plutôt anxieuses et ne sachant pas si elles vont arriver à s’exprimer.

Lucia commence alors par les toucher, elle rectifie leur position assise, afin de les décontracter.

La performance commence, elles semblent avoir un peu plus d’appréhension qu’au Vélo Théâtre, c’est la première fois qu’elles s’expriment devant autant de monde !...

Les tableaux s’enchaînent dans une ambiance joyeuse, les dames sont prises de fous rires, on ne sait pas trop s’ils sont nerveux mais ce qui est sûr, c’est qu’elles s’amusent.

Ce qui est drôle, lors de cette performance, c’est que, ne  connaissant pas la configuration d’un spectacle, elles n’ont pas de repères et donc, quand elles sont assises en cercle derrière le panneau et attendent leur tour, elles échangent, en arabe, commentent la prestation de celle qui passe, comme si elles étaient seules, comme si le public n’existait pas.

Lorsqu’elles sont face au public et qu’elles se trompent ou qu’elles oublient quelque chose, elles reviennent au devant du panneau et recommencent, en riant…

Le premier tableau, lorsqu’elles se présentent chacune à tour de rôle, est très touchant.

 Fatima se présente au public en lançant un « Je m’appelle Fatima, je suis la femme de mon mari !  Si j’avais de l’argent, j’irais en Amérique voir Barak Obama ».

Yamina : «  Si j’avais de l’argent, je partirais en…euh…comment ça s’appelle déjà ?...en Belgique!!!! »

Lorsque celle qui vient de passer va chercher la suivante et la guide au devant de la scène, elles papotent encore et rient entre elles.

Le deuxième tableau, représenter les 3 cycles de la vie, est un exercice tout à fait différent pour elles.
En effet, il s’agit là de jouer 3 situations différentes, de mimer 3 postures tout en parlant. Certaines sont hésitantes, Lucia n’hésite pas à aller les chercher, à les réconforter, ce qui est très émouvant car on aperçoit leurs ombres derrière le panneau.

Finalement, l’émotion est aussi forte  dans ces moments là de transition, entre le passage de chacune, que dans la performance en elle-même…

Enfin, le troisième tableau, jeter le coussinet par terre et exprimer un « Non !  je veux parler français ! » est, comme le premier dans lequel elles se présentaient, très personnel, exprimé différemment selon chacune : timide, affirmé, enjoué. 
Certaines y ajoutent un « Je veux parler français ‘ comme il faut ‘! », une autre : « J’ai rien compris »…tout ça toujours dans le rire !

Le fait que Lucia, Nezli, Jeannie et Sylvie jouent aussi le jeu a été important pour elles, renforçant l’idée que nous sommes un groupe, que nous partageons les mêmes émotions. Elles ont pu alors découvrir une autre facette de leurs formatrices, de« leurs maîtresses ».

Nous avons clôturé cette séance autour d'un goûter oriental, préparé par les dames, et tous ensemble, spectateurs et "comédiennes", nous avons pu échanger sur cette belle expérience...


Un nouveau lien s’est crée tout au long de ces ateliers, un lien affectif déjà existant mais qui s’est renforcé parce que, grâce à Lucia et Nezli, nous avons employé autre chose que des mots, nous y avons joint des gestes. Des gestes d’affection, de respect, qui au fil du temps sont devenus spontanés, irréfléchis et qui font qu’aujourd’hui nous ne pourrions  plus faire sans…   



Séance 24 > 02/06/2014




Pour cette séance, l’atelier se déplace au Vélo Théâtre, à Apt.

9 dames sont présentes.

Nous avons décidé de « sortir de nos murs », d’aller à la découverte d’un nouveau lieu, un lieu de spectacle, un lieu culturel, qu’elles ne connaissent pas, et d’y présenter notre travail. 

Ce n’est pas un « spectacle » mais bien « un atelier qui se déplace », une performance. Nous avons bien compris, au fil des séances, la difficulté qu’ont les  dames à s’exprimer devant des personnes qu’elles ne connaissent pas, la réticence et la peur, liées à leur culture,  du jugement et du regard de l’autre qui transparaissent, par exemple, face à un appareil photos.
C’est pour tout cela que nous avons seulement invité les formateurs bénévoles sur l’ensemble des cours d’alphabétisation, qu’elles connaissent bien.

A notre arrivée, un thé, un café, nous sont proposés par l’équipe du Vélo Théâtre, l’ambiance, tout de suite, est chaleureuse.

Lucia et Nezli ont aménagé une des salles pour la représentation : le panneau pour les ombres chinoises et des chaises, dans le fond, disposées en arc de cercle. Un petit banc, devant le panneau, pour nos 5 spectateurs.

Les dames ont le trac mais le surmontent et, naturellement, les 4 tableaux s’enchaînent, sous l’œil amusé de nos spectateurs.

Après, autour d’un jus et de petits gâteaux, Lucia et Nezli échangent avec les formateurs bénévoles sur notre projet, sur l’évolution de ce travail tout au long de ces 8 mois écoulés.  

Les dames sont satisfaites de leur performance et prêtes à renouveler l’expérience.

Pour clore la matinée, Gwenaëlle du VéloThéâtre nous fait visiter les lieux, les coulisses, de cette immense ancienne usine de fruits confits devenue espace culturel. 
Les dames sont enchantées, intriguées par les éclairages, les ateliers où sont confectionnés les décors et les costumes,  la grande cuisine et la « cantine » des artistes.

Fatima demande même à Gwenaëlle si le lieu ne se loue pas pour des mariages !...















Séance 22 et 23 > 19/05/2014 et 26/05/2014

2 séances consacrées à la répétition des 4 tableaux en vue de la performance au VéloThéâtre prévue le 3 juin.

-     Se présenter, de façon affirmée, face au public.

-   Derrière le panneau, en ombres chinoises, jouer 3 situations des 3 cycles de la vie : enfance, âge adulte, vieillesse.

-   Par 2, en ombres, désigner les différentes parties du corps de l’autre et les nommer ensemble, d’une seule voix.


-    Exprimer sa colère, par un « Non ! »   en jetant le coussinet par terre puis « Je veux parler français ! »

Séance 21 > 12/05/2014

11 dames présentes avec Jeannie et Sylvie.

Pour cette séance, un support écrit distribué à chacune : sur une feuille, des débuts de phrases qu’elles vont devoir compléter :   
Bonjour, je m’appelle…… 
Je suis née……….
J’habite à ………
Si j’avais de l’argent, je voyagerais……
J’aime…………
Je n’aime pas………….

Jeannie écrit les prénoms de chacune au tableau, en majuscules et en attaché, qu’elles doivent reconnaître afin de recopier chacune le sien pour compléter la première phrase. 

Ensuite, chacune lit sa phrase sur un ton affirmé.

Même façon de procéder pour les 2 phrases suivantes: chacune recopie son pays d’origine et sa ville actuelle en majuscules et en attaché et répète les phrases.

Pour la phrase suivante, « Je voyagerais… », nous avons accroché au tableau une carte du monde
Après avoir lu la phrase, chacune se lève et va désigner sur la carte le pays qu’elle aimerait visiter.
Ensuite, chacune complète sa phrase en recopiant le nom du pays choisi écrit au tableau.

Jamila voudrait « faire le tour du monde »

Mariam choisit le Maroc puis change pour le Canada !

Fatima dit qu’il faudrait aller à La Mecque mais que tant pis, elle choisit l’Amérique !

Yamina choisit la Belgique pour aller voir les enfants de son mari.

Certaines choisissent La Mecque, d’autres le Maroc.

Fatouma voudrait aller au Japon avec Sylvie !

Fatima rêve de Dubaï… 


Ce moment, avec la carte, est très joyeux, elles ont l’impression de voyager déjà un peu…

Séance 20 > 05/05/2014


9 dames présentes.

Travail avec le panneau d’ombre pour support. Les dames sont assises de chaque côté.

Une s'avance sur le côté du panneau : « Bonjour, je m’appelle…, je suis née à…, j’habite à…, si j’avais de l’argent, je voyagerais… » 

Puis, elle passe derrière le panneau et va chercher une autre dame qui lui laisse sa chaise; à son tour la deuxième dame s’avance sur le  côté du panneau, etc.

Dans un deuxième temps, il leur est demandé de représenter par une phrase et des gestes, derrière le panneau, 3 scènes de vie représentant chacun des cycles de la vie : l’enfance, l’âge adulte, la vieillesse.
Chacune est capable de reproduire un dialogue avec son enfant. La vieillesse est pour elles synonyme de douleur, elles la traduisent, dans l’ensemble, par une personne pliée en deux, souffrant du dos et exprimant une grande fatigue.

Un troisième exercice est proposé: par deux, derrière le panneau, l’une montre chaque partie du corps de l’autre et toutes doivent les nommer.


Enfin, pour clore la séance, Lucia et Nezli proposent de retravailler le « Non ! » en jetant un coussinet au sol puis, en reprenant son souffle, de dire, de façon affirmée : « Je veux parler français ! »

Séance 19 > 28/04/2014


7 dames présentes.

En cercle, répétition des phrases de présentation de chacune, à tour de rôle, sur un ton joyeux.

La position s’asseoir et se lever de la chaise est revue, par groupes de 2.

2 nouvelles phrases sont prononcées et étoffées selon chacune : « Je voudrais savoir faire… »« Je ne voudrais plus faire… »


Ce qui ressort de cet exercice c’est un fort désir de vouloir parler français, une réelle volonté de s’affirmer dans la société française, de pouvoir accomplir des démarches seules, sans l’aide d’une tierce personne, être un peu plus autonome dans les tâches de la vie quotidienne. Etre capable de nommer les parties de son corps quand elles vont chez le médecin, dire ce qui les fait souffrir et le montrer.

Séance 18 > 14/04/2014

8 dames présentes.

Retour sur la position assise : garder les pieds ancrés dans le sol, la tête comme attirée par le ciel, le dos non appuyé au dossier.

Lucia distribue des balles : balle dans la main, serrée, « je m’appelle…, j’ai mal… »  tout en prononçant ces mots, desserrer progressivement la main.

En roulant la balle entre ses mains, « Bonjour, je m’appelle…, j’aime (nommer une partie de son corps)…, je n’aime pas (nommer une autre partie de son corps)… »

Travail sur l’ombre du corps en ombres chinoises.
« Avec la parole, je mets un peu de mouvement » Lucia.
Le but est de se mouvoir derrière le panneau, de mimer une situation, de laisser son corps s’exprimer.

Fatima : Pliée en 2 derrière le panneau «  Je m’appelle Fatima, j’ai mal au dos ! »

Rahma, danse en parlant  espagnol.

Mimouna, réticente au début, entraînée par Zahra, miment à deux la récolte du raisin.

Fatouma nage dans la mer…et pleure de rire !

Rahma y retourne spontanément !

Lucia, face aux premières réticences des dames, rappelle qu’on ne veut pas les changer, mais simplement qu’elles prennent conscience de leur corps, qu’elles le fassent parler, pour être plus à l’aise. Leur parole sera alors entendue si elles sont plus à l’aise avec leur corps.

«  Si je relâche, j’ouvre, je respire, ma parole sort mieux » 

« Il faut s’occuper de vous pour être un peu mieux, avec moins de douleurs ». Lucia